Comprendre le foie gras non alcoolique : Syndrome métabolique et stéatose hépatique
Publié le 24/07/2024
L’obésité est un problème de santé majeur. La maladie du foie gras non alcoolique (NAFLD, Non Alcoholic Fatty Liver Disease) est la première cause de maladie chronique du foie dans les pays industrialisés. Selon une enquête épidémiologique réalisée par l’institut de sondage Odoxa, 47,3 % des adultes français sont obèses ou en surpoids (source : http://www.odoxa.fr/sondage/enquete-epidemiologique-nationale-sur-le-surpoids-et- lobesite/).
La NAFLD représente un fardeau pour la santé publique dans le monde entier, car elle est épidémiologiquement liée à l’obésité, au diabète de type 2 (DT2) et au syndrome métabolique (SMet).
La NAFLD représente un fardeau pour la santé publique dans le monde entier, car elle est épidémiologiquement liée à l’obésité, au diabète de type 2 (DT2) et au syndrome métabolique (SMet).
Elle englobe un large éventail de lésions hépatiques, dont la stéatose simple, la stéatohépatite non alcoolique (NASH, Non Alcoholic SteatoHepatitis), la fibrose, la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire (HCC, hepatocellular carcinoma). La vulnérabilité au développement de la NAFLD est très variable et est influencée par plusieurs facteurs, notamment des facteurs de risque environnementaux (habitudes alimentaires et activité physique) et héréditaires (génétiques/épigénétiques). Néanmoins, même le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans la physiopathologie de la NAFLD. L’interaction entre l’exposition alimentaire et le génome est appelée « génomique alimentaire » ou « nutrigénétique ». La nutrigénétique fera apparaître de nouveaux « gènes candidats », appelés ainsi parce que l’on espère qu’il s’agit des gènes dont les modifications provoquent le phénotype (ou la maladie) étudié. En d’autres termes, ces gènes candidats pourraient jouer un rôle dans la prédisposition à une maladie liée à l’alimentation, par exemple l’obésité, les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, etc.
L’objectif est d’étudier les mécanismes biologiques impliqués dans les interactions génome-nutriments aiguës et persistantes qui influencent la santé et peuvent constituer un champ d’investigation prometteur pour l’amélioration des pratiques cliniques en matière de nutrition et de santé.
L’objectif à court terme est d’identifier des sous-populations regroupant des génotypes présentant un risque pour certaines maladies et d’affiner par la suite les recommandations nutritionnelles. A cela s’ajoute l’origine ethnique, qui joue un rôle dans la consommation alimentaire.
On pense que le développement de la NASH est constitué de deux événements successifs. C’est la théorie des « 2 hits », proposée par CP Day en 1998 (PMID : 9547102, 1998).
Le premier événement est la stéatose, qui se traduit par une accumulation excessive de triglycérides dans le cytoplasme des hépatocytes. Cette étape s’accompagne de l’apparition d’une résistance à l’insuline.
En fait, la résistance à l’insuline entraîne une augmentation de la lipolyse dans le tissu adipeux et une augmentation de la gluconéogenèse et de la synthèse des triglycérides dans le foie. Pendant mon master au laboratoire Inserm de Clamart, nous avons essayé de comprendre les mécanismes de transition entre la stéatose et la stéatohépatite. Nous avons travaillé avec des souris obèses ob/ob déficientes en leptine et avec des souris devenues obèses à la suite d’un régime hyperlipidique (HFD, High Fat Diet). Ces souris ont développé une résistance à l’insuline, une stéatose et, après injection de lipopolysaccharide (LPS), une stéatohépatite non alcoolique. Grâce à des techniques de transfert adoptif (transfert de cellules à une autre souris. Les cellules sont généralement dérivées du système immunitaire afin d’améliorer la fonctionnalité et les propriétés du système immunitaire). Il a été démontré que la stéatose augmente le recrutement des lymphocytes par le foie et que les cellules CD4+, T CD8+, et B des souris ob/ob, qui ont la propriété de migrer spécifiquement vers le foie, sont fortement augmentées par rapport aux souris témoins normales. Le LPS potentialise cette migration. Cela a montré que les mécanismes de la NASH n’impliquent pas seulement un défaut hépatique, mais aussi un défaut immunitaire.
Qu’en est-il d’un point de vue génétique ?
La NAFLD est considérée comme une maladie complexe, car les interactions entre l’environnement et un hôte polygénique vulnérable déterminent le phénotype de la maladie et influencent sa progression. Ces dernières années, de nombreuses études d’association pangénomique (GWAS, Genome Wide Association Studies) et de gènes candidats ont enrichi notre compréhension de la base génétique de la NAFLD. En particulier, le variant I148M du gène PNPLA3 (Patatin-like Phospholipase Domain Protein 3), qui a été identifié comme le principal déterminant génétique commun de la NAFLD.
Il a également été démontré que les variantes identifiées dans les gènes TM6SF2 (Transmembrane 6 Superfamily Member 2), MBOAT7 (Membrane Bound O-acyltransferase Domain-containing 7) et GCKR (Glucokinase Regulatory Protein), qui ont un effet modéré, contribuent de manière significative à la maladie. L’objectif de cette analyse est de fournir un aperçu de l’état de la recherche sur les principaux modificateurs génétiques et épigénétiques de la progression de la NAFLD. La possibilité de traduire la richesse croissante des données génétiques en développement de nouvelles thérapies et en mise en œuvre clinique de biomarqueurs diagnostiques/pronostiques sera explorée à l’avenir.
La NAFLD/NASH et le microbiome ?
La recherche axée sur le microbiome offre de grandes opportunités ainsi que des défis, tant en ce qui concerne la pathogenèse que les possibilités de traitement de la NAFLD/NASH. Étant donné que la plupart des études menées jusqu’à présent ont utilisé le séquençage de l’ARNr 16S (un outil standard classique pour les études phylogénétiques et taxonomiques sur les bactéries), qui a fourni une faible résolution limitée au niveau du genre, il est impératif d’identifier les microbes associés à la NAFLD au niveau de la souche, en utilisant un séquençage métagénomique de haute précision qui fournit également des informations fonctionnelles sur le microbiome intestinal.
Au-delà des études d’association, les recherches futures viseront à élucider la relation de cause à effet directe entre la dysbiose intestinale et la NAFLD dans des modèles animaux et des études cliniques chez l’homme, afin de développer des thérapies ciblées sur le microbiote. Malgré les progrès considérables réalisés dans la corrélation entre les modifications du microbiote et la NAFLD, le mécanisme moléculaire spécifique qui sous-tend l’interaction entre l’hôte, l’environnement et le microbiote dans le développement et la progression de la NAFLD/NASH reste largement inexploré.
En résumé, une approche de la médecine de précision basée sur les profils des personnes, de l’alimentation et du microbiome pourrait faciliter la stratification des risques et prédire les phénotypes cliniques variables, la précision du diagnostic et la réponse thérapeutique dans la NAFLD. L’intégration de la médecine de précision basée sur le microbiome intestinal, y compris les probiotiques personnalisés (Suez et al, 2018 ; Zmora et al, 2018) et les interventions postbiotiques (micro-organismes inanimés agissant en complément et en synergie avec les prébiotiques, souches du microbiote) (Thaiss et al, 2016), pourrait également être une considération importante pour le traitement de la NAFLD.
Dans l’ensemble, les possibilités et les défis de la recherche sur le microbiome ouvrent une nouvelle fenêtre pour de futures études qui, nous l’espérons, permettront de clarifier le rôle plus spécifique du microbiome intestinal dans la NAFLD et d’établir des approches thérapeutiques personnalisées axées sur le microbiote.
Qu’en est-il des compléments alimentaires ? Existe-t-il une possibilité de prévention ?
Les laboratoires de qualité proposent une combinaison de compléments alimentaires qui agissent sur la digestion, le foie et l’intestin. Une combinaison de chardon-marie, de schisandra, de pissenlit et d’antioxydants soutient non seulement la fonction hépatique et biliaire, mais détoxifie également le corps et possède une protection antioxydante. On peut combiner ces ingrédients avec un probiotique qui, en plus de fournir des bactéries lactiques microencapsulées, contribuera à l’entretien des muqueuses grâce aux vitamines A, B2, B3 et B8. Il contribuera à la protection des cellules contre le stress oxydatif grâce aux vitamines B2, C et E et aux oligo-éléments zinc, manganèse, cuivre et sélénium.
Conclusion
D’un point de vue global, le profil génétique, voire épigénétique (par séquençage, que ce soit à haut débit ou par les différentes techniques utilisées pour le séquençage épigénétique), le profil du microbiote intestinal et l’origine ethnique de la personne peuvent influencer les choix alimentaires, en allant au-delà des lignes directrices pour une alimentation saine au niveau de la population. Il est toutefois possible de prévenir la NAFLD et la NASH en adoptant un mode de vie sain. Malgré le stress que nous vivons au quotidien, il est possible de travailler sur notre mode de vie, non seulement par le biais de compléments alimentaires, mais aussi par un accompagnement psychothérapeutique qui peut également permettre de prendre conscience, par exemple, des addictions alimentaires comme le sucre, la malbouffe, la pâtisserie, etc.
Avec mes salutations distinguées.
Article rédigé par Dr. (PhD) Joyce EL HOKAYEM Généticienne et biologiste moléculaire Naturopathe-Heilpraktiker, et thérapeute en Gestalt thérapie, pour voir son profil cliquez ICI
Cet article a été initialement publié sur : https://therapeut-naturheilpraxis.de/fr/2023/08/03/ein-blick-auf-das-metabolische-syndrom-und-die-fettleber/